978-2-84809-246-1
10,5 x 14,8 cm
48 pages
9,50 €
Le Pépito, biscuit chocolaté bien connu crée en 1961, a été commercialisé par Belin et racheté par LU en 1997. Son effigie est un petit mexicain souriant faisant couler le chocolat à flot.
El Pépito, actionniste/catcheur/dessinateur d’origine mexicaine né au milieu des années soixante, est connu pour ensevelir de chocolat ses adversaires.
Il est l’un des vétérans du catch de dessinateurs, discipline artistico-sportive créée en 2005*.
El Pépito confie en 2012 à Quentin Faucompré le soin de graver sur des pépitos des ex-votos en remerciements des grâces obtenues.
Sagrado Corazon (traduction littérale de Sacré-Cœur mais également une référence à la célèbre chanson de Los Machucambos, Pépito mi corazon (1961)) est un choix de 24 ex-votos sur pépitos, augmenté de photographies de combats de catch de dessinateurs.
* Sous la forme d’un combat de catch, les artistes/athlètes s’adonnent à l’improvisation graphique sur les thèmes proposés par le public, avec des styles très personnels, des contraintes et des coups fatal
Prologue
Figure du catch de dessinateurs*, el Pépito croise le destin de Quentin Faucompré en 2005, sans que ce dernier n’élucide vraiment l’énigme d’une personnalité contrastée, à la fois paisible, rageuse et mystique. Paisible comme les souvenirs d’enfance que charrie son nom, hommage aux biscuits éponymes dont l’homme se délecte encore aujourd’hui, même si dès l’adolescence, el Pépito découvre d’autres saveurs plus sophistiquées, boissons chocolatées et pâtisseries précieuses dégustées du côté de la capitale autrichienne, en un temps où l’Actionnisme outrage les corps au fil de performances trash et chamaniques. Quand certains s’éclaboussent de sang ou d’urine, el Pépito adopte un médium autrement plus raffiné : le chocolat qui, sous sa forme liquide, devint son encre et son arme.
Son ascension dans le milieu de la lutte graphique est fulgurante : grâce au choix de dessiner avec du chocolat fondu pendant les rounds ou d’ensevelir son adversaire sous cet onctueux onguent, el Pépito accroit vivement sa renommée, tant sa technique est singulière. Farouche et visqueux, acharné et collant, el Pépito traque les victoires comme d’autres les truands, ce qui fait de lui à présent l’un des vétérans les plus redoutés au sein de cette discipline sportive et artistique.
Né à cancùn au Mexique, l’homme a ensuite grandi en europe, passant par Vienne et vit désormais en Belgique, à Liège précisément. entre deux combats, Quentin Faucompré rencontre el Pépito, présence discrète et caractère trempé ;sa conversation, ce qu’elle révéle au détour d’un sourire ténu ou d’une mélancolie subite, le rend familier du parcours accidenté qu’est celui d’el Pépito, ponctué des drames et des joies de la vie propres à toute existence. en 2012, el Pépito demande à Quentin Faucompré s’il accepte de devenir le messager de ses sentiments. Précis et décidé, il alla fouiller au plus profond de sa culture mexicaine, où le surnaturel tient de l’évidence, où les forces magiques habitent le monde terrestre. Lorsque ces forces vous sont favorables il faut savoir les remercier, ou humblement les implorer lorsque tout va mal, lui dit‐il. il repensa aux ex‐votos de son pays d’origine, tradition qui consiste à confier à un peintre la charge de figurer un souhait, ou un remerciement en échange d’un vœu accompli par les divinités.
Quentin Faucompré accepte ce contrat, qui fait de lui le dépositaire d’une parole ramassée, mais libératrice — et cesmots de reconnaissance ou ces dessins d’imploration, el Pépito lui demande de les peindre à la surface même des orbes chocolatées qui firent l’enchantement de son enfance. Placés désormais dans des lieux vénérés par l’artiste catcheur, ces ex‐votos cacao consignent de petits miracles, quelques épreuves et une infinie gratitude. autant de témoignages sucrés tendus vers l’au‐delà.
Eva Prouteau